Chemins

Chemins, Axel Kahn, Stock, 2018
Finiels

Finiels – GR44

Homme public, médecin. Axel Kahn n'a pu conduire sa carrière dans le monde universitaire que grâce aux respirations accordées par la marche. Cette approche me plaît, même si mes ambitions sont plus modestes.
Son livre, en courts chapitres, revient sur les chemins emblématiques de sa vie. A 74 ans, il perçoit que la marche conquérante n'est plus à chaque fois victorieux. les sensations procurées par le chemin sont dorénavant physiques et douloureuses même si la beauté du paysage ou du détail restent vivifiante.
Pressenti par la gauche pour un siège à l'Assemblée nationale aux élections de 2012, Kahn a ensuite parcouru en solitaire la France selon deux diagonales de 72 étapes. Elles lui ont permis de se faire une idée des territoires et de l'état de la nation. Je ne doute pas que cette expérience lui ait apporté un regard neuf sur le pays tant la découverte au pas humain permet de s'imprégner de son environnement.

La gravité, la sauvagerie même, de la dévastation industrielle dans la « diagonale du vide » connue des économistes et des géographes entre le nord-est du pays et le centre-ouest aveyronnais a induit un désespoir plus ou moins résigné des habitants qui demeurent sur les lieux, en règle générale les plus âgés, les moins mobiles et ceux auxquels le marché du travail est d'accès le plus difficile.
Ils se sont habitués à ce que, génération après génération, les entreprises ferment, les jeunes quittent le pays, les magasins disparaissent, les médecins ne soient pas remplacés, les services publics soient supprimés. Pour ces habitants le pire est certain, l’avenir ne peut être qu'une poursuite accélérée de la descente aux enfers à laquelle ils assistent depuis tant d'années. La mondialisation, la construction européenne, les étrangers, Paris, le pouvoir, les élites, tous ligués pour assurer leur perte et la disparition de leur mode de vie, sont tenus responsables du désastre. Ce pessimisme profond a un effet dissolvant sur tout ce qui « fait société », l’engagement associatif, syndical, la participation à la vie publique et aux élections. En effet, la certitude du pire fait apparaître toute mobilisation absurde. Ne reste plus alors qu’à se replier dans la sphère individuelle et familiale, parfois corporatiste. 

p. 236-237

Cependant, son parcours de vie me semble tellement éloigné de la réalité populaire que je ne sais qui il aurait représenté à la chambre. Profondément attaché au cadre simple de sa petite enfance, placé chez une nourrice, marqué par des drames familiaux, Kahn a voulu construire sa vie comme ses itinéraires. Ses recherches et ses randonnées ont été des succès. Ses relations ont été cependant moins heureuses. Plusieurs femmes ont partagé ses chemins, mais en m'interrogeant sur leur rôle (leur utilisation ?), j'ai la certitude de vivre dans une autre réalité.

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