Les pieds-noirs d'Algérie

La colonisation pour mémoire

Les considérations sur le retrait des Algériens de souche française, avec l'avénement de l'indépendance, enrichissent le débat sur la transmission de l'histoire. Une série de reportages bienvenue à l'heure où les puissants tentent d'imposer leur interprétation des événements passés.
Deux femmes, enfants mutilées dans l'attentat du Milk Bar (archive Le Monde), transmettent un récit bien différent de ce tragique événement. Ces témoignages indiquent l'importance du dialogue et de la nuance : la mémoire ne se décrète pas quoiqu'en pensent les présidents Trump, Xi Jinping, Poutine…

chapatte xi poutine


Chapatte, 16 mai 2024


La série documentaire – Les pieds noirs d'Algérie

Les routes de la soif

L'Amou-Daria au Karakalpakstan

Gras Cédric. Les routes de la soif , voyage aux sources de la mer d’Aral. Stock, 2025

Ecrivain voyageur, Cédric Gras, parcourt les républiques enclavées de l'Asie centrale, ces pays qui se déclinent en –stan, autrefois soviétiques. À la recherche du principal contributeur de la Mer d'Aral, un lac en voie de disparition, écrits d'Ella Maillart sous le bras, il parcourt Ouzbékistan, Turkménistan et Tadjikistan, près de 30 ans après Tiziano Terzani. Ses vignettes révèlent la persistance de l'héritage soviétique…

Nos parents empruntaient la voie des Indes pour rejoindre l'Orient et il nous échoit de défricher ces républiques longtemps interdites, atteints de quelque chose comme le syndrome de Marco Polo. Aller vers le Levant n'est autre que le voyage originel, celui qui repoussa les limites du monde connu bien avant la découverte de l'Amérique. Les visiteurs ouzbeks, eux, semblent surtout chercher dans les échafaudages et les coups de truelle leurs racines turques et leurs fondements perses. On reconstruit selon un récit national débarrassé de l'hégémonie russe et du joug socialiste. On digère une géographie arbitraire et une histoire tyrannique.

p. 101

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Et pourtant tout avait si bien commencé

Et pourtant tout avait si bien commencé
Habiter la Suisse des années 1930
Musée d'art et d'histoire Genève


Site du musée
Julie Conti, Catherine Schwyzer, Massimo Incollingo pour RTS culture
Eléonore Sulser pour Le Temps

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Monstera

Roure, Simon. Monstera. Virages graphiques, 2024.

En ce qui concerne mon style graphique, j’ai essayé de trouver un équilibre me permettant d’atteindre sobriété et clarté. Je peux noyer mes pages de détails si et seulement si cela sert le propos et j’occulte tout ce qui n’est pas nécessaire à la compréhension.

Simon Roure

monstera roure
Tout en élégance, le graphisme de Simon Roure traite avec sensibilité de l'exploitation des corps.
Gabriel, repéré par une agence de mannequinat, sculpte son corps pour correspondre aux stricts critères de l'emploi. « Le corps ne doit pas influer sur le vêtement », le mantra des créateurs de mode, crée l'injonction mortifère à laquelle succombe Lina, sa compagne. Elle et lui (sur)vivent sous la dictature du corps parfait, paraissant insensibles au monde qui les entoure.
Cette culture consumériste peut mener à l'anorexie, une thématique que Françoise Courvoisier traite, de manière plus conventionnelle, dans un récit Les Veilleurs du ciel teinté de fantasy.

Site de l'éditeur
Ellen Ichters pour RTS culture

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Moi, Fadi le frère volé

Sattouf Riad et Sattouf Fadi. L’Arabe du futur, Moi, Fadi, le frère volé (1986–1994). Les livres du futur, 2024.
moi Fadi frere

En illustrant le vécu de son frère emmené par leur père en Syrie, Riad Sattouf apporte quelques nuances sur sa famille arabe. Un regard qui met en évidence le potentiel de résilience des enfants confrontés aux élucubrations d'adultes… qui se révèlent parfois bien naïfs. Un hommage aux familles éclatées et dispersées dans le monde.

Site de l'éditeur
Autres traces de l'Arabe du futur : 1978-1984, 1984-1987, 1987-1994, 1994-2011
Blandine Levite pour RTS Culture

Les nuits de la peste

Pamuk Orhan, Les nuits de la peste. Gallimard, 2022.

nuits peste turc

En 1901, le droit ottoman, occidentalisé sous la pression des grandes puissances, imposait que toutes les peines capitales prononcées dans l'Empire le fussent par la Haute Cour du tribunal d'Istanbul. Les exceptions, cependant, n'étaient pas rares : guerre, révoltes, communications coupées, manque de temps... Dans les provinces de l'Empire où l'armée était en permanence sur le pied de guerre, et où pendre des hommes était le seul moyen de mater les révoltes incessantes des minorités séparatistes, la pendaison pour l'exemple, sur ordre des gouverneurs et sans en référer à Istanbul, était presque une loi. Le tribunal d'Istanbul était ensuite obligé, pour ne pas donner l'impression d'un désaccord au sein même de l'État, de confirmer ces condamnations prononcées unilatéralement par les gouverneurs et exécutées à l'abri des regards, en pleine nuit.

p. 215

Le roman de Pamuk évoque, sous forme de chronique, le déclin de l'empire ottoman. La peste qui sévit sur l'île méditerranéenne de Mingher, symbole de la diversité culturelle de l'État, attise les tensions et accélère une dissolution sous l'influence des puissances coloniales européennes.
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