Le chemin barré

Goldschmidt Georges-Arthur, Le chemin barré, Roman du frère. Editions Verdier, 2025.

Il avait son ascendance en horreur; pourquoi n'avait-il pas le droit d'être comme les autres Allemands ? Il se serait mis en rang et sentait déjà les bords de la culotte courte sur ses cuisses nues. Il sentait la tension qu'il y aurait eu en lui lors des sorties au plus profond des grandes forêts. Il aurait dormi sous la tente. Tout cet avenir qu'il portait en lui se développait sans lui, chaque seconde en demeurait nulle et non avenue. Ce qui aurait dû être restait manqué, entassé et inaccompli. Enrôlé dans un groupe, il n'aurait plus eu besoin de se chercher, mais maintenant, il était sans attache et ne pouvait se projeter dans aucun futur. Il savait qu'il était interdit de séjour et pourtant il n'en ressentait rien au fond de lui-même.

p. 30

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Hodler et l'art suisse

Gustave Jeanneret, Les Faucheurs, 1905


Hodler. Un modèle pour l'art suisse
Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel

Dès le 18e siècle, la vie rurale et la figure du paysan deviennent des symboles forts de l'identité nationale suisse. Face à l'industrialisation et aux bouleversements sociaux, les artistes s'attachent à représenter ceux qui apparaissent en harmonie avec la nature! les travailleurs de la terre. Bûcherons, faucheurs et agriculteurs incarnent des valeurs rassurantes d'effort et de force. Ferdinand Hodler s'inscrit dans cette dynamique. Le geste répétitif de ses figures monumentales de travailleurs devient une allégorie de l'ordre et de la continuité.

Texte de salle


Corps virils exaltant dynamisme et puissance, paysages idéalisés par les filtres de la symétrie et du parallélisme, les motifs du peintre participent au récit national de la première confédération helvétique.

Hodler avait son principe. Il façonnait la nature selon sa volonté. Il la peignait et la dessinait comme il en avait besoin pour son tableau.Il ne peignait pas ce qu'il voyait. Il sélectionnait et n'utilisait que ce qui servait son but.

Cuno Amiet, 1948


Site du musée

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D'où nous venons

Goshawank – Arménie


Schwarz Géraldine. D’où nous venons , ce qui nous unit, ce qui nous divise. Flammarion, 2024

[L'Europe] est fondée sur une histoire multi-millénaire, faite d'ombres et de lumière, qui a structuré et continue de structurer nos normes sociales et morales, nos concepts, nos institutions, nos mentalités et nos pratiques. Dans ce vaste passé nous pouvons puiser les clés et les repères qui nous manquent pour comprendre comment nous sommes devenus ce que nous sommes, d'où nous venons.

p.10

C'est en journaliste que Géraldine Schwarz évalue nos attaches européennes. Pour ce faire elle choisit trois grands axes qui représentent, selon elle, les idées structurantes des sociétés européennes : le christianisme, le capitalisme et la liberté (et non le libéralisme).
Avant que ces concepts ne prennent sens, les territoires méditerranéen et européen étaient modelés par la spiritualité, les échanges et la politique. Les traces de la pensée grecque, des empires romains et byzantins ou du monde viking restent perceptibles jusqu'aujourd'hui.
Cette analyse peut paraître un plaidoyer appuyé pour l'Union européenne même si l'auteure insiste sur les particularismes nationaux.

Si le mythe [des « invasions barbares »] perdure c'est aussi parce qu'il reflète nos propres angoisses contemporaines d'une décadence de la civilisation occidentale qui serait minée par des migrations et des métissages.

p. 37

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Don Quichotte

Don Quichotte
Comédie héroïque en cinq actes de Jules Massenet (1842-1912) sur un livret de Henri Cain

Dulcinée : Oui, peut-être est-il fou... mais... c'est un fou sublime !

Il y a dans ce duo – Don Quichotte et Montaigne – un peu du fou et du sage. Le sage apprend à sentir le centre en lui et, parce qu'il cultive ce centre, parvient à se relier au monde, à ses mouvances. Le fou, lui, cherche dans les chimères, les aventures, hors de lui, la raison de sa vie et ne l'aperçoit qu'a la fin, quand cette errance vient se resynchroniser avec son corps au jour de sa mort.

Camille de Toledo, Une histoire du vertige.
p. 39 – Verdier, 2023


Site de l'opéra
Julien Sykes pour Le Temps
Andréanne Quartier-la-Tente pour RTS culture
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All That's Left of You

All That’s Left of You, Un film de Cherien Dabis, avec Saleh Bakri, Cherien Dabis, Adam Bakri, Maria Zreik, Mohammad Bakri Muhammad et Abed Elrahman. Palestine, 2025

Que se passe-t-il lorsque le passé n’est pas encore passé ? Comment guérir d’un traumatisme qui n’a pas encore été surmonté ? Qui n’a pas été reconnu ? Et qui est effacé de la conscience du monde ?

Cherien Dabis
Notes d'intention

Dans son très beau film, Cherien Dabis traduit par ses images sensibles l'appel de Delphine Horvilleur, rabbin et philosophe, et de Jadd Hilal, écrivain franco-palestino-libanais, à plus d'humanité : “recentrer sur l’humain”, à refuser les camps. "La paix ne viendra jamais par la négation de l’autre à être", dit Delphine Horvilleur. Et de conclure : "La sécurité dans nos vies ne vient pas des murs, mais d’un certain art de l’hospitalité, [...] d'une capacité à garder vivante une conversation." Jadd Hilal renchérit : "Le lien doit continuer [...] Tout le monde peut parler de cette question autrement — artistes, écrivains, intellectuels. À nous de raconter des vies [...] pour que l’échange reste possible".
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Un simple accident

Un Simple Accident, de Jafar Panahi (Iran, France, Luxembourg, 2025), avec Vahid Mobasseri, Maryam Afshari, Ebrahim Azizi, Hadis Pakbaten, Majid Panahi, 1h42

Pour le scénario, l’idée de départ est venue très vite, je me suis demandé ce qui se passerait si l’un de ceux qui m’entouraient en prison, une fois sorti, mettait la main sur quelqu’un qui lui avait fait subir tortures et humiliations. Cette question a été le point de départ d’un travail d’écriture avec deux amis scénaristes […]

Jafar Panahi
Dossier de presse


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