Les premiers de 88 Temples


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Fujiidera

Autel du hondō de Fujiidera

Fujiidera – 藤井寺 (n°11) est encaissé au pied de la montagne qui nous attend le lendemain. Les maisons des alentours sont décrépites, ce qui renforce une étrange atmosphère alors que le crépuscule gagne déjà à 16h15. Les personnages à la porte de l’édifice sont engrillagés ; usuellement menaçants, ils paraissent ici terrifiants.
Une longue ascension mène au Temple 12, Shosan-ji – 焼山寺; elle est désignée comme 遍路 ころがし henro korogashi, littéralement le pèlerin qui roule (de la montagne). Les petits Jizō qui veillent sur les voyageurs au bord des chemins avaient fait en sorte que le temps soit idéal, sans pluie surtout. Ainsi les passages qui auraient pu être les plus glissants et délicats ont été franchis sans encombre.
Partis à 6h45, nous traversons le temple Fujiidera avant de pénétrer immédiatement dans la forêt de feuillus. Nous commençons par nous élever par paliers, alternant marches, sentiers et quelques tronçons de route forestière. Quelques ouvertures sur la plaine de Yoshino avant de progresser sur une arête ventée, alternant montées et descentes.
Jooren-An

Statue de Kūkai au Jōren-An

Le flux des pèlerins est régulier : des petits chapeaux pointus qui agitent leur clochette en tournant toujours dans le même sens. Nous choisissons tous de faire halte au point culminant, Jōren-An (745 m) au pied d’une grande statue de Kōbō Daishi. Nous redescendons vers un village apparemment abandonné avant une dernière montée que son irrégularité rend ardue. Le temple est construit au-dessus d’une grande esplanade surplombée de cèdres majestueux au milieu desquels quelques statues menaçantes nous défient après l’effort fourni. Cet accomplissement délie quelques langues et on nous demande pourquoi nous sommes là et quelles sont nos intentions pour la suite. De notre côté nous constatons que certains Japonais utilisent ce terrain accidenté pour leur entraînement – parfois avec le gilet blanc – et que d’autres étrangers ont surtout choisi ce trajet pour relever le défi d’une randonnée un peu exigeante et l’un d’eux s’adresse au nōkyōjo pour obtenir un taxi pour terminer sa course plutôt que pour recevoir la calligraphie attestant de sa visite.
Kamiyama Myozai
Si Shosan-ji se méritait par l’effort physique d’un beau trajet en forêt, Dainichi-ji – 大日寺 (n°13) a nécessité de la persévérance (de l’acharnement ?). Près de 18 km, dont seulement environ 2 km de sentiers qui plus est ascendants, avant d’y parvenir. Quelques hameaux sont accrochés au flanc des coteaux. Ici on récolte les mandarines plutôt que les kakis. Comme les arbres ont encore leurs feuilles, les fruits sont plus discrets que ceux des plaqueminiers. Le paysage de la Commune de Kamiyama étant davantage accidenté que celui de la vallée de la Yoshino, les ondulations du relief offrent de jolis coups d’œil.
Le temple Dainichi-ji fait face au sanctuaire shintō Ichinomiya. Cet ensemble offre un nouvel exemple de la complémentarité des deux religions. Les deux lieux sont séparés par une route qu’il est difficile de traverser en raison du trafic intense et du manque de visibilité : les dieux n’ont qu’à effectuer leur travail et à veiller sur les piétons.
Au fur et à mesure de la journée nous approchons de Tokushima : la population se fait plus dense et la circulation se fait plus intense. Les temples 13 à 16 sont proches et s'intègrent plus ou moins harmonieusement à leur environnement, entre zone d'activités et espace résidentiel.

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