Avec les henros de Shikoku
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Kūkai est né à Zentsūji, il y a 1 250 ans ce qui a permis un développement particulier du Temple 75. Le sanctuaire dédié à la naissance de Kōbō Daishi a été intégré à Zentsū-ji, ce qui explique une certaine redondance des installations. Ces circonstances font du shukubō un hébergement très apprécié car il permet facilement de participer à la prière matinale, prestation incluse dans le prix du logement. À défaut d'y bénéficier d'une chambre, j’ai quitté l’hôtel très tôt pour m’inviter à ce recueillement auquel on est reçu par les moines.
Dans l'enceinte de Zentsū-ji
Le service commence par une invocation dite en commun, le public répétant les mots de l’officiant. Ensuite ce dernier prononce, sur un ton intime, l’enseignement. Puis les moines reprennent en psalmodiant des sūtras, les soulignant de quelques sonorités plus franches – gong, cymbales, clochettes. Les rythmiques évoquent par moments le canon. À son tour l’assemblée reprend le sūtra du cœur. Puis, avant la bénédiction, la surprise du jour : un numéro de loterie – remis à chacun des hôtes du shukubō – est tiré faisant de la titulaire la gardienne de la maison pour la journée : privilège ou responsabilité ?La cérémonie se poursuit par un déplacement dans le sanctuaire pour que les visiteurs puissent se recueillir devant une représentation de Kōbō Daishi et, s’en remettant à ce guide, les fidèles descendent dans l’obscurité totale du sous-sol, dans un parcours d’une centaine de mètres interrompu par un autel au Daishi. Cette expérience spirituelle fait écho à la démarche, alors présentée comme artistique, du Minamidera de l’Art House Project de Naoshima.
La plus ancienne cloche de Shikoku au Sanuki-Kokubun-ji, Temple 80
Le séjour, deux nuits plus tard, dans un centre zen laisse un souvenir mitigé. L’accueil sur le site est chaleureux, mais la règle stricte est assez peu compatible, je trouve, avec le rythme de la marche. Le repas du soir est frugal, bien qu’agréable au goût. Tout est fait pour en exhausser la saveur. Le rituel du lavage des bols avec le pickle que l’on mange ensuite renforce l’idée que toute nourriture doit être considérée avec respect. La séance de méditation du matin, selon la règle sōtō se fait en deux phases l’une silencieuse d’environ 40 minutes dans une salle de tatamis, suivie par le chant de sūtras face à un autel.Le couple de Danois qui va reprendre la suite de son pèlerinage après une deuxième nuit passée ici se soustrait à la 3e phase, celle du déjeuner. Un repas lui aussi frugal : une petite sardine séchée, une prune vinaigrée, un bol de riz, un bol de soupe et quelques légumes. Le pickle pour nettoyer les bols et l’eau de « vaisselle » comme boisson chaude. Je n’avais pas planifié une pause de 10 heures conséquente… et les konbinis manquent sur cette première partie en sentiers dans les forêts qui dominent la ville de Takamatsu. Je crois que c’est plus le manque de nourriture que les toiles, à la mesure des araignées qui les ont tissées, qui m’a ralenti. Sans compter que la position en tailleur immobile au réveil s'est révélée, après coup, douloureuse.
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