Habitat



Marugame NakazuchoL'aspect des villes et villages est très hétéroclites. Derrière une grande avenue peut se cacher une ruelle bordée essentiellement de maisons traditionnelles en bois. Cette juxtaposition de styles donne à Kyoto un charme particulier; jusque récemment la hauteur des constructions étaient très limitée.
La maison de bois avec ses pins japonais soigneusement taillés et divers buissons est en voie de disparition : les coûts et le temps nécessaires à l'entretien sont considérables. Les promoteurs ont lancé une nouvelle esthétique de maison individuelle : lignes épurées et absence de végétation extérieure. La juxtaposition de ces deux styles est l'illustration d'un pays en profonde mutation. Une évolution d'autant plus manifeste que nombre d'anciennes propriétés sont négligées quand elles ne sont pas abandonnées.
Cette conséquence concrète du vieillissement et de la diminution de la population montre que les politiques appelant à la décroissance sont davantage des slogans que des projets réfléchis. Au Japon, la décroissance peut impliquer littéralement l'effondrement des habitations.
Imabari KoizumiLes rues sont souvent étroites et l'exiguïté de l'espace à disposition encourage l'usage de voitures de petite taille, les keijidōsha 軽自動車, petites cylindrées, économes en énergie. Lorsque des maisons traditionnelles sont détruites pour céder la place à des constructions modernes, la distance à la chaussée augmente, les parcelles cultivées diminuent et les rues s'élargissent laissant la place à des véhicules plus imposants. L'usage de ces petits véhicules est donc davantage une adaptation aux alentours qu'une volonté de limiter l'impact écologique. Certains utilisent le qualificatif de «jetable» pour caractériser bon nombre de constructions récentes dans lesquels on utilise du plastique pour imiter le bois ou la brique. Des maisons construites pour une génération, dont il est difficile d'envisager la durabilité.
Utazu Ayauta-GunIl y a un grand écart entre un environnement pensé pérenne – ne serait-ce que pour abriter le butsudan 仏壇, autel domestique pour honorer les ancêtres – et une société très orientée sur la consommation. Toutefois dans tous les intérieurs, une certaine sobriété prévaut ; le rangement systématique dans des placards et la mise en valeur d'éléments de décorations, estampe ou arrangement floral, et les panneaux coulissants qui tamisent la lumière contribuent à cette esthétique épurée.
L'usage de chaussures spécifique à chaque revêtement de sol donne une certaine solennité aux espaces. Passé le genkan, vestibule avec une marche sur laquelle on se déchausse, on utilise des pantoufles sur les surfaces de bois, des chaussures plastiques pour les toilettes et on se déplace pieds nus, voire en chaussettes, sur les tatamis. Un usage qui nécessite quelque concentration quand on loge dans un minshuku (chambre d'hôtes) et qu'il faut, en plus, se munir de “Crocs” ou de geta, les sandales japonaises à semelle de bois, pour changer de bâtiment.
Takahara