Vers le chemin des 88 Temples
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Assez rapidement, par manque de confiance dans notre capacité d'adaptation à une culture complètement étrangère, nous avons fait le choix de débuter notre séjour au Japon par un “voyage sur mesure” qui baliserait nos premiers pas. Les diverses propositions en lien avec le pèlerinage des 88 Temples n'étaient pas satisfaisantes car elles se concentraient sur l'aspect sportif et les étapes les plus exigeantes physiquement. Notre décision prise de choisir une randonnée dans la Péninsule de Kii et les vols assurés, nous avons pu élaborer notre projet sur Shikoku.
Cette phase de la préparation a consisté à établir les étapes en tenant compte essentiellement des hébergements. Une nouvelle réalité se dégageait : comme Pacquier le relevait déjà au cours de son pèlerinage en mars 2016, les structures d'accueil de l'île de Shikoku sont souvent tenues par des personnes âgées. La vague COVID a incité plusieurs hôtes à cesser de recevoir des hôtes et, en conséquence, à affaiblir l'offre alors que l'île attirait davantage de visiteurs internationaux.
Rencontré au cours de ma pérégrination, Teramoto-san s'étonnait que j'aie pu effectuer des réservations, lui-même trouvant que l'usage habituel du téléphone est non seulement contraignant, mais aussi compliqué avec les hôtes âgés. De fait cette difficulté m'a obligé à choisir certaines étapes en fonction de la possibilité de communiquer avec les logeurs... et m'a incité à m'initier à la langue japonaise. Une nécessité sachant que même le site des Business Hotel AZ, malgré ses plus 80 succursales, n'est qu'en japonais.
L'élaboration de ce programme, au demeurant trop serré pour être confortable, allait me familiariser avec un pays très respectueux, parfois inconsidérément formel.
Les conditions d'annulation sont toujours très détaillées mais restent basées sur la confiance. Les tenanciers des étapes se montrent toujours soulagés quand tous leurs hôtes sont arrivés. Au Ryokan Yoshino, le repas de deux personnes qui ne sont jamais arrivées était servi sans que probablement l’aubergiste puisse facturer une dédite. En conséquence, les réservations se font généralement dans les trente jours précédant la prestation, avec des exceptions.
Pour les transports ferroviaires, notamment avec les diverses entités des JR, Japan Railways, ce délai d'un mois est suffisant. Pour quelques Minshuku (chambres d'hôtes) dans les régions reculées, il est très inconfortable. Pour y pallier, j'ai pu compter sur Robin, une connaissance établie à Tokyo, qui a accepté de nous réserver par téléphone les logements précédent et suivant une étape ardue et sur un office de tourisme.
Pour les autres logements, j'ai perdu un certain temps à comprendre que la mention du sexe de chacun des occupants est parfois importante et que, surtout, transcrire son nom en furigana (alphabets syllabiques japonais) ne concerne pas seulement les kanjis (sinogrammes) mais aussi les romanjis (caractères latins). Un exercice salutaire de décentrement culturel !
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