Avec les henros de Shikoku


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temple 68temple 70

Inscriptions des temples 68 et 70

Après avoir fait étape à Okayama, je vais rejoindre Shikoku pour reprendre le pèlerinage des 88 Temples à Imabari et compléter 35 pages supplémentaires de mon nōkyōchō, 納経帳, le crédencial local. Après de longues hésitations, j'ai décidé de réserver toutes les étapes. À la fois une contrainte et une chance : plus besoin de recomposer le parcours en fonction de la disponibilité des logements, mais aussi obligation de suivre un rythme et impossibilité d'adapter son itinéraire à celui d'un compagnon de rencontre.
Dans les premières étapes nous avons déjà ressenti une certaine proximité avec les pèlerins et le plaisir de se retrouver de temple en temple même si nous avons peu eu l'occasion d'échanger. Progresser seul donne une autre dynamique au voyage. Si certains, visiblement, craignent cette liberté et regrettent ce qu'ils décrivent comme un sentiment de communauté ressenti sur le Chemin de Compostelle, d'autres apprécient de vivre le présent. En reprenant dans la Préfecture d'Ehime le pèlerinage, je rejoins, sans avoir visité les temples de Kochi et de l'ascèse, ceux liés à l'illumination; une manière d'être aussi dans le présent.

Nationale Shikoku-chuo

La Nationale 11 à Shikoku-chūō

La topographie de cette partie de Shikoku au Nord de la crête tectonique qui traverse l'île d'Ouest en Est est bien différente de celle de la région de Tokushima. Une plaine côtière, industrialisée, s'appuie contre la dorsale qui culmine à 1982 m. Elle est parcourue par la Nationale 11 qui suit ma direction et qui, en conséquence, n'est jamais très éloignée. Pour quelques tronçons, le tracé suit ces axes routiers – souvent dépourvus de trottoirs – et je préfère m'en éloigner. Ces détours, comme les permutations dans l'ordre de visite des temples, m'obligent à consulter plus attentivement mon Shikoku Japan 88 Route Guide, très fiable, et à recourir aux outils électroniques, notamment à la trace .gpx que j'ai enregistrée sur mon smartphone. Ces moyens de référence ne m'empêchent pas de me laisser surprendre par le dénivelé sur lequel sont érigés certains temples.
Le dépeuplement est ici moins visible, bien que les zones plutôt résidentielles que je traverse ont des destinés multiples : certaines sont à l’abandon alors que d’autres, plus proches des centres, sont en expansion. L'activité économique permet de trouver plus facilement des alternatives aux Ryokans et Minshuku , même si ces hébergements traditionnels ont une âme que n'offrent pas les Business Hotel. Si dans la navigation aérienne la mention business est un critère de qualité, pour l’hôtellerie japonaise il s’agit plutôt du bas de gamme. Prix bas, confort très standardisé (lit occidental, salle de bain, TV avec possibilité de visionner des vidéos à la demande). Le petit déjeuner à 400 ¥, qui correspond à environ CHF 2.40, est composé de son poisson frit, d’un œuf cru, de ses algues et de ses pickles vinaigrés. Il y a encore des grains de soja fermentés (nattō, 納豆) et du riz.

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