Avec les henros de Shikoku


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Le temps beau et chaud perdurant, je décide de m’acheter un sugegasa 菅笠, le chapeau conique porté par les pèlerins. N’en trouvant pas dans les temples, je veux tenter ma chance à Iyo Saijō, lorsque Norifumi-san surgit soudainement à la fenêtre d’une maison : il boit le café avec un ami. Ils décident de m’aider et réservent un chapeau dans un magasin d’articles funéraires d’obédience bouddhiste. Au lieu de suivre l’itinéraire fléché, je vais éviter le plus possible la Nationale 11 et me diriger vers ce commerce.
Maegami-ji


Temple Maegami-ji – 前神寺

Inutile de préciser que dès que j’entre dans le magasin, le chapeau arrive avec un gobelet de thé servi par un personnel nombreux. Hélas, c’est un chapeau conique sans les inscriptions liées au pèlerinage des 88 Temples. S’en suit une conversation boiteuse entre anglais et japonais pour résoudre le problème : j’aurai mon chapeau demain soir, livré à mon prochain hôtel. Dans ce pays, le client est vraiment roi.
Par coïncidence le Business Hotel MISORA qui pourrait signifier “Beau ciel“ se trouve près d’un établissement qui organise des cérémonies funéraires civiles, comme celle qui ouvre le film Love Life. Mais loin d’être sinistre, cette journée a été éclairée par les premiers rayons sur le hondō – hall principal – enclos dans une clairière du temple Maegami-ji – 前神寺 (n°64).
La journée suivante avec 190 m de dénivelé sur un parcours de 27 km s’annonce plate et tout le trajet asphalté, ce qui n’est pas très favorable aux articulations.
Cependant cette journée a été l’occasion de belles rencontres. C’est d’abord cette vieille femme au col qui sépare les municipalités de Niihama et de Shikoku-chūō : elle me confie son obole pour la déposer au prochain temple. C’est ensuite cette autre femme qui a aménagé de somptueuses toilettes pour les pèlerins de passage, sa manière de leur présenter un osettai. En plus de ce lieu d’aisance, elle m’a proposé un thé vert et une friandise.
bekkaku enmei-ji


Calligraphies au temple Enmei-ji

Ensuite c’est un homme qui court chercher un stimulant, à base de caféine, pour me permettre de trouver l’énergie de finir l’étape. Il aimerait surtout que je m’arrête à l’un des 20 « autres » temples bekkaku, celui d’Enmei-ji, dont l’eau serait paraît-t-il réparatrice. Hors du circuit habituel, même s’il n’est situé qu’à quelques pas du tracé officiel, ses salles ornées de superbes bouquets de fleurs sont ouvertes contrairement à la plupart des temples du pèlerinage.
Après la pause de midi, je décide de faire un bref détour pour voir Sanfukuji – 三福寺. L’homme qui s’occupe du jardin se trouve être le moine en charge du sanctuaire. Il me propose de l’ouvrir et m’offre thé, pâtisserie, et mandarine. Il est intrigué de ma présence, me demande mon avis sur Shikoku et ma vision du Japon. Il conclut notre laborieux échange par un « nous avons passé un bon moment ». Assurément.
La journée se termine par la dégustation des délicieux sashimi de Sakae Sushis. Lorsque le cuisinier a terminé ses préparations, il sort une tablette et après avoir cherché スイス, Suisse, me demande de lui désigner sur G*Maps la ville où j’habite. Il me présente ensuite un magnifique coffret de bois dans lequel il conserve le nyōkōchō de son père ; les calligraphies, plus élaborées que celles que je recueille, y sont remarquables.
doichonoda shikoku-chuo

Doichonoda, Shikoku-chūō



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