Un chemin du Kumano Kodo
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Le chemin grimpe rapidement dans la forêt suivant la crête entre deux vallées qui se rejoignent à Takijiri : 400 m de dénivelé pour les premiers 1500 m. Un chemin bien marqué dans les racines proéminentes et dans une forêt épaisse avec quelques traces des légendes du Kumano Kodo – le passage sous un rocher étroit, la grotte où une louve aurait sauvé un enfant – et de nombreux oratoires. Aujourd'hui, ce sont des indications bilingues, japonais et anglais, qui soulignent ces discrets témoignages du passé.
Le paysage du très beau sentier qui se poursuit ensuite vers Chikatsuyu-oji aurait pu plaire à Mondrian ! Les arbres de type cyprès du Japon qui dressent leur tronc rectiligne vers le ciel et les billes retenues par des souches aménagées pour éviter l’érosion en composante horizontale. Le chemin est pavé de belles pierres plates qui se révéleront parfois glissantes lorsqu’elles sont mouillées ; elles sont moins périlleuses quand elles sont disposées en marches, mais alors elles contraignent nos pas.
Le Kumano Kodo Nakahechi
Le soleil revenu donne une tout autre allure aux forêts : les taches de lumière rompent l’aspect vertical et mettent du mouvement aux troncs élancés. Cette omniprésence des bois de cèdres et de cyprès crée une ambiance onirique et, pour peu que la brume s’en empare, c’est un monde inquiétant qui prend forme. Les petits Jizō sont alors là pour rassurer le voyageur puisque toute l’infrastructure a disparu. Des Tea Houses sur le parcours nous ne voyons que des traces. Elles sont remplacées par quelques distributeurs de boissons, ici, à l’endroit où nous suivons une route forestière. Difficile d’imaginer ces relais alors que leurs empreintes sont maintenant complètement envahies par la forêt. Les notices historiques mentionnent l’existence de hameaux dans lesquels les voyageurs passaient aussi la nuit. On devine des murs de soutènement en terrasses dont on peut penser qu’elles servaient à la culture du riz. Quelle escorte accompagnait les personnages de haut rang ? Les forêts étaient-elles aussi denses ou les pentes, plutôt raides, étaient-elles cultivées ? Quel type d’habitat subsistait dans les années 1920, avant l’abandon de ces sites ?Les conséquences du Typhon Talas n°12 de 2011 sont, elles, toujours bien visibles puisque le chemin contourne encore la zone dévastée.
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