L'Apollon de Gaza

L’Apollon de Gaza, de Nicolas Wadimoff, avec la collaboration de Béatrice Guelpa (Suisse, Canada, 2018), 1h28.
En présence de Nicolas Wadimoff

Ce 4 mai 2019, des centaines de roquettes sont tirées de la bande de Gaza vers Israël RTS. Cette actualité est habituelle s'agissant de cet étroit territoire disputé dès 1948 au moins.
En 2013 pourtant,
La Repubblica fait état d'une statue d'Apollon retrouvée dans la mer. Le Hamas, mouvement islamiste controversé, aimerait le vendre car impudique. Pour d'autres, ce serait enfin l'occasion de mettre en valeur la richesse du patrimoine culturel et historique.

Sensibilisé à l'histoire de la région, Wadimoff connaît évidemment cette richesse archéologique présentée dans l'exposition Gaza à la croisée des civilisations à Genève en 2007. En 2014, un article du Monde sur cet Apollon, suscite son intérêt. Il en fera un documentaire. Comme n'entre pas qui veut à Gaza, il prépare avec soin son tournage qui doit se faire en de brèves journées dans un Territoire qu'il connaît déjà. La réalité ne lui permet pas de réaliser son projet; l'hostilité à l'égard des journalistes, partiaux selon les Palestiniens, l'empêche de filmer dans la rue.
Apollon Gaza night boat
Ces contraintes, apportent peut-être sa plus-value au film. Hormis quelques vues d'une ville dense, compacte, oppressante, où l'on observe ça et là un immeuble éventré ou une patrouille, Gaza apparaît comme un territoire paisible. Quelques entrepreneurs ou érudits essaient de sauvegarder des biens culturels, d'autres, artisans, produisent avec des moyens limités des objets artistiques.
Quelques privilégiés ont vu l'Apollon : le pêcheur qui l'a trouvé et sorti de l'eau, le bijoutier qui l'a caché et une collaboratrice du Ministère s'occupant de l'Archéologie. Eux et tous les autres se demandent où a disparu ce bronze de 1m80 et de quelques 300 kilos.
La force du documentaire est d'utiliser cette enquête comme métaphore de la vie à Gaza. Selon le point d'où on se place, cet objet doit être vendu pour faire la richesse de son détenteur ou permettre, par sa valeur inestimable, de donner une reconnaissance aux Gazaouis. Les rares photos de cette statue sur son drap décoré de Schtroumpfs posent une énigme : comment une statue qui aurait passé 2300 ans dans la mer peut-elle être si bien conservée. Toutes les interprétations sont possibles, même celle d'un faux. Chacun avance ses arguments, sa vérité. Fadel, le restaurateur de l'École biblique et archéologique française de Gaza, est particulièrement touchant. Montré travaillant avec délicatesse sur une amphore, il est patient malgré les luttes de pouvoir qui influencent son quotidien.

Le site du producteur, Akka Films
Stéphane Gobbo pur Le Temps
Vertigo RTS
A Gaza, la guerre des pierres, Luis Lema, 2013