Edward Hopper

Fondation Beyeler

Study of a Landscape with Train Passing Houses Whitney Museum


Cette exposition de l'artiste américain Edward Hopper (1882-1967), en partenariat avec le Whitney Museum of American Art, New York, présente une soixantaine d'œuvres en provenance, pour l'essentiel, de musées d'Outre-Atlantique.

Mon objectif en peinture a toujours été la transcription la plus exacte possible de mes impressions les plus intimes de la nature.

Edward Hopper
Notes on painting, 1933

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Les tableaux de Hopper me laissent toujours une impression d'absence. Le regroupement thématique, autour du paysage, ne peut que la renforcer. Mais d'où vient la mélancolie qui émane de ces toiles ?
Contrairement à l'expressionnisme ou à l'abstraction contemporains de son premier élan créatif, les peintures de Hopper paraissent bien ordonnées, voire austères. Le contraste entre lumières et ombres, si franc qu'il semble irréel, renforce cette impression de sécurité.
À y regarder de plus près, quelques incongruités perturbent celle apparente harmonie. Le cadrage des peintures varie selon qu'elles intègrent ou non des interventions humaines. Lorsqu'elles ne représentent que des éléments de nature, le champ est tellement restreint qu'on est focalisé sur un extrait du paysage comme celui du Square Rock, Ogunquit .
Mais dès qu'une route ou une voie ferrée s'introduisent dans le paysage, on a, au contraire, le sentiment d'un étirement infini de l'espace.
La mobilité joue un rôle important dans l'œuvre de Hopper. Les bâtiments, ruraux en particulier telle Cobb's Barns and Distant Houses , paraissent comme saisis au passage. Cette fugacité explique-t-elle l'absence de présence humaine ?

Lorsqu'il se penche à la fenêtre, visuellement, Hopper plonge. Ou alors il s’attarde sur la fenêtre d'en face, ce qui nous ramène au petit écran, à la lucarne, à cette source de lumière palpitante dont il n’a voulu montrer que l’instant arrêté. Pas même un drame. Ni un crime. Rien. L'ennui, la lassitude, le désenchantement. Voilà peut-être ce qui flatte l'inconscient du spectateur : cette volupté à s’abandonner à la tristesse, à se laisser aller en toute confiance dans ce sentiment presque réjouissant. La tristesse ? Chez lui, elle est une délivrance.

Frédéric Pajak
Manifeste incertain 2, p. 99

Et lorsqu'une personne est figurée, elle manifeste si peu de présence, qu'elle me paraît telle une figurine plastique. Le film 3D Two or Three Things I Know about Edward Hopper réalisé par Wim Wenders, présenté à Riehen, traduit à merveille cette nature flottante des personnages.


Malgré un séjour de plusieurs mois en Europe, en particulier à Paris, la peinture de Hopper est résolument américaine. Elle traduit une certaine ambiguïté face à la nature, dangereuse par son immensité et son impénétrabilité.

Eric Tariant pour Le Temps
Fondation Beyeler
Dossier de presse