Le procès de Viviane Ansalem

Gett – Le procès de Viviane Amsalem, de Ronit Elkabetz et Shlomi Elkabetz (Israël-France-Allemagne 2014), avec Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy, Sasson Gabai, Eli Gornstein, Albert Iluz. 1h55.

Le titre original, gett, acte de divorce en hébreu, claque dans sa brièveté en totale opposition avec le tempo du film qui s'étire jusqu'à en devenir oppressant.
blogEntryTopper

Viviane Amsalem ne s'accorde plus avec son mari Elisha et désire retrouver sa liberté.
La procédure de divorce est soumise, en Israël, à la loi religieuse que le solliciteur soit croyant ou laïc. Mais de fait l'homme détient un pouvoir immense puisque son acceptation formelle est requise. Le tribunal rabbinique montre peu d'empressement à soutenir la femme. Le rituel d'officialisation semble même étudié pour que l'homme se refuse à franchir le pas.
L'enlisement de la situation, ce procès qui s'éternise sont exaspérants. Seul Elisha, inébranlable, semble ne pas souffrir d'un engluement qui renforce sa posture morale : son obstination sauverait Viviane et la réputation de sa famille. Quant aux juges, qui feignent la compréhension pour Viviane, ils sont las des demandes répétées de la demanderesse : elle encombre inutilement leur tribunal.

Le temps précieux que perdent ces femmes qui réclament leur acte de divorce ne revêt aucune importance aux yeux du mari, des rabbins et de la Loi. Ce temps perdu n’a de valeur que pour la malheureuse qui supplie de revenir à la vie.

Entretien avec Ronit et Shlomi Elkabetz


Ce huis-clos, qui ne s'élargit au mieux qu'à l'antichambre du tribunal, finit par devenir obsédant. La conscience du temps qui file nous vient des bruits et de la lumière de l'extérieur. Nous devenons prisonnier de notre siège avec Viviane Ansalem et nous nous sentons progressivement gagner par l'impression de perdre notre temps.
Ronit Elkabetz et son frère Shlomi Elkabetz, les réalisateurs dénoncent par leur film la société israélienne : “[le film] est une métaphore de la condition de ces femmes qui se voient comme « emprisonnées à perpétuité » par la loi. « Le Procès... », par conséquent, représente la condition des femmes à travers le monde, partout où - parce qu’elles sont femmes - elles sont regardées par la loi et par les hommes comme inférieures aux hommes.”
Une frustration, voire une colère naît de cette torpeur. Elle me fait irrémédiablement penser à l'attentisme politique qui ne fait qu'attiser le ressentiment de ceux qui ne sont pas considérés comme citoyens légitimes, parce que non juifs.


Les films du Losange
Daniel Grivel pour Ciné-Feuilles
Critique de Norbert Creutz pour Le Tempsinterview des réalisateurs
Internet Movie Database