Gefeiert und verspottet

Quels femmes et hommes deviennent les artistes représentatifs d'une époque ? Sous le titre Acclamée et brocardée, la peinture française de 1820-1880, le Kunsthaus de Zürich essaie d'ouvrir la réflexion.
Affiche gefeiert und verspottet

Affiche de l'exposition Acclamée et brocardée sur le site du Kunsthaus

Le Bal de l'Opéra d'Eugène Giraud – 1866 utilisé dans le visuel de l'exposition est emblématique de ce débat. Bien que novatrice par le thème, intéressante par la maîtrise picturale, cette œuvre est aujourd'hui complètement oubliée : le style en est jugé trop convenu, trop lisse, trop classique.
L'événement annuel des Beaux-Arts, le Salon de peinture et de sculpture , événement officiel monstrueux (jusqu'à 5000 artistes et 7000 œuvres dont les tableaux exposés parfois sur 6 m de hauteur) dictait la tendance.
Un comité de sélection effectuait un premier tri. La technique picturale, le sujet et la manière dont il était traité étaient les critères essentiels. Certains artistes étaient si reconnus qu'ils étaient admis d'office…
D'autres, comme Eugène Delacroix, cherchaient à y entrer pour se faire un nom. Même si sa technique lui attira des critiques, elle eut une influence ultérieure. Ainsi Van Gogh apprécia son traitement de la couleur. Ce dernier tenait en haute estime l'œuvre de Monticelli… qui fait aujourd'hui partie des anonymes.
Comme le «pompier» Ernest Meissonier dont le 1814, la Campagne de France permit de faire fortune. Les dimensions modestes, la profusion de détails, la renommée de l'auteur en firent une œuvre très en vue du Salon de 1864.
Être défenseur de la peinture académique, n'empêche pas d'être (parfois) innovant comme Jean-Léon Gérôme avec Le 7 décembre 1815, neuf heures du matin (L’exécution du maréchal Ney) qui choqua le public du Salon de 1868 par sa représentation crue de ce fait historique.

L'exposition sur kultur-online
Critique de Laurence Chauvy – Le Temps
Cahier de la Méditerranée – Ernest Meissonier, 1814. Campagne de France – 83/2011