Les enfants du Platzspitz

Les Enfants du Platzspitz, de Pierre Monnard (Suisse, 2020), avec Luna Mwezi, Sarah Spale, Anouk Petri, Delio Malär, Jerry Hoffmann, 1h40.

On pourrait presque dire que la dépendance de Sandrine à l’héroïne est comparable à la dépendance de Mia à [sa mère] Sandrine.

André Küttel (auteur) et Pierre Monnard (réalisation)

À la veille des élections fédérales de 1991, les autorités bernoises et zurichoises décident de fermer les scènes ouvertes de la drogue qui signent l'échec d'une politique surtout répressive de la drogue. La stratégie de libéralisation dans des espaces restreints pour contenir l'expansion de l'addiction avait vécu.
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Sans réflexion sur les conséquences pour les consommateurs de cette fermeture, la mesure ne parvient au mieux qu'à déplacer le problème. Au moins, sur la «Platzspitz» un encadrement social permettait de limiter les effets secondaires, notamment ceux du VIH.
Le film de Monnard montre combien les exclus de ces scènes de la drogue, renvoyés dans leur commune d'origine, étaient abandonnés à eux-mêmes. L'originalité du scénario est de voir cette réalité avec les yeux d'une préadolescente, fille de de toxicomane. Liée par la force de l'amour maternel, Mia suit sa mère dans sa dérive. Elle est contrainte de tenter d'atténuer la déchéance de sa mère qui alterne sevrages et rechutes. Ce statut contribue à la marginaliser dans son école ; elle ne peut que s'associer aux mauvais éléments. En s'inventant un bon génie imaginaire, Mia trouve la force de ne pas sombrer avec sa mère.
La réalité dépeinte par Monnard est glauque. Elle rappelle combien la reproduction des inégalités est problématique, mais précise qu'elle n'est pas une fatalité.
Si le démantèlement de la scène de la Platzspitz, puis du Letten a abondamment été utilisé par un bord politique à des fins moralisatrices, le réalisateur refuse la polémique en s'intéressant avant tout aux conséquences de cette politique. C'est bien par une approche pragmatique de la problématique de la drogue, en variant les interventions (les quatre piliers : prévention, thérapie, aide à la survie et répression), que Ruth Dreifuss permit de diminuer son ampleur.

Stéphane Gobbo pour Le Temps
Séverine Ambrus pour RTS culture
Revue de presse historique (1991-1994) – Olivier Perrin
Dossier de presse
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