La Belle et la meute

La Belle et la meute, de Kaouther Ben Hania (Tunisie, 2017), Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda. 1h40.

La nuit de Mariam, détaillée en neuf tableaux, rappelle la condition de la femme dans maintes sociétés.
L'excitation de participer à une fête estudiantine, la joie d'y rencontrer Youssef sont de courte durée. En se mettant à l'écart, Mariam est violée. Désemparée, assistée de Youssef, elle cherche à faire reconnaître ce méfait.

Kaouther Ben Hania rapporte l'action à une nuit. Chaque séquence, numérotée, ajoute une humiliation au viol. Le système semble conçu pour annihiler le droit de Mariam à valider l'outrage subi. Chacun des interlocuteurs invoque la loi pour justifier sa passivité. Que ce soit dans le monde aseptisé de la clinique privée ou le souk de l'hôpital public, le monde médical porte peu d'intérêt à sa personne. Tout juste une infirmière, voilée, montre quelques signes d'empathie alors que Mariam qualifie qu'on lui a prêtée de nuisette.
La reconnaissance de l'agression doit être validée par la police, corps auquel appartiennent les assaillants. Tous les registres sont utilisés pour manifester leur mépris à la victime. Des propos humiliants pour Mariam, et dans une moindre mesure pour Youssef, se succèdent.
Plus la nuit s'avance, plus le situation devient inextricable malgré des éléments de preuve permettraient de confondre les violeurs.
Les propos des forces de l'ordre semblent attester de l'injustice fondamentale de la loi ou, pour le moins, de la possibilité de la détourner au profit du plus fort.
Basée sur des faits réels, le film met en évidence les conséquences pour la femme abusée du sentiment d'impunité des mâles dans les sociétés machistes et corrompues.

Antoine Duplan pour Le Temps
Antoine Rochat et Nadia Roch pour Ciné Feuilles
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