Avant le péché

Butticaz Simon. Avant le péché originel, la naissance d’un malentendu. Labor et Fides, 2022

Le concept de péché est considéré avec retenue dans une Eglise réformée qui l'ignore volontiers. Cette réticence amène naturellement l'auteur à s'y intéresser dans la suite de son étude de tabous du Nouveau Testament.
L'importance donnée au péché et la réduction de l'homme à un état de pécheur, initiées notamment par Augustin, laissent des traces dans l'inconscient collectif. Simon Butticaz a pour ambition de rétablir le message évangélique en s'appuyant sur les textes. Il se garde bien pourtant de revendiquer une approche novatrice en multipliant les références – heureusement par des notes ! – à d'autres exégètes.
Sa synthèse souligne l'originalité des messages de Jésus le Christ dans l'environnement judaïque du début de notre ère. Leur diffusion dans le monde hellénistique, opérant une distinction entre l'âme et la chair, a pu induire cette idée de corps contingent et sale.

autour de Jésus et à sa table, ce sont les joyeuses re-trouvailles des marginaux du judaïsme, « des moutons égarés de la maison d'Israël » qui sont célébrées.

p. 37

L'approche des textes par Simon Butticaz montre que l'homme est pécheur lorsqu'il rompt la relation aux autres et qu'il se revendique dieu, dominateur de la création. Une approche résolument libératrice qui ne plaira pas à ceux qui voient la religion comme un carcan pour dominer leurs semblables.

Considéré dans sa dimension prioritairement théologique et relationnelle, le péché se résume dans cette formule bien sentie de Jean Zumstein : « Le péché consiste à empêcher Dieu d'être Dieu. » Comment ? En se prenant pour lui, en trônant à sa place.

p. 78




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