Gare de l'Est

Gare de l'Est, allers et retours
LSD, la série documentaire, France Culture

À Paris, aujourd'hui, j'ai vu la gare de l'Est. C'est de là que les Français sont partis trois fois de suite contre le même ennemi. Aujourd'hui, on y célèbre la paix. Annonces ferroviaires en allemand et bretzels en vente à côté des baguettes. Mais ensuite... ensuite on s’aperçoit que ce n'est qu'une chorégraphie, que le souvenir de la catastrophe n'existe plus et que personne ne regarde le grand tableau de la commémoration dans le hall. Gare de l'Est, on comprend que si on ne se bat plus avec des armes, c’est simplement parce qu'à la guerre entre nations s'est substituée une guerre entre individus, un marasme de touristes désemparés, de femmes carriéristes, d'employés angoissés, de fonctionnaires irascibles, de jeunes digitalisés, d'immigrés bagarreurs, de voleurs et de policiers armés jusqu'aux dents.

Paolo Rumiz
Comme des chevaux qui dorment debout – p.361-362

La Gare de l'Est occupe une place très particulière dans la vie parisienne tant les destinations qu'elle dessert sont des marqueurs de l'histoire du XXe s. : gare d'arrivée des migrants de Russie et d'Europe centrale, puis celle des départs sur le front de 1914–1918. Ensuite, ce sont les Juifs qui arrivent avant que des déportés et des STO la quittent. La Gare de l'Est voit ensuite affluer Hongrois, Tchécoslovaques et Ukrainiens parmi d'autres réfugiés en provenance de l'Est. Point de départs de nouvelles vies, espoir, souvent déçu, de renouer avec le lieu quitté…
Les témoignages recueillis évoquent les promesses de la Révolution de 1789, puis les fluctuations des concepts de LIBERTÉ, d'ÉGALITÉ et de FRATERNITÉ.

LSD – Gare de l'Est

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