L'auteur illustre les tensions de la société turque qui permet au régime de se diriger vers l'autocratie. Il décrit une famille kémaliste qui assiste à une islamisation sournoise. En entretenant la confusion, par le détournement des symboles identitaires, et en exacerbant les divisions le piège s'est refermé sur la Turquie. À en croire l'auteur, l'ouverture vers l'Europe de Erdoğan était un geste opportuniste, en contradiction fondamentale avec son projet nationaliste. Il a d'ailleurs été incarcéré quatre mois pour “incitation à la haine” après avoir déclamé un poème de Ziya Gökalp. Un emprisonnement qui a contribué à l'arrivée au pouvoir de son parti AKP en 2002.
Amateur de revues dessinées dès l'enfance, Ersin Karabulut se projette créateur. Face à l'opposition de ses parents et à un système scolaire qui privilégie le conformisme, il a besoin des pouvoirs de tous les héros de la BD pour réaliser son rêve et assumer pleinement son choix d'exprimer ses convictions. Ses dessins qui mêlent fantastique et naturalisme évoquent l'autobiographie du mangaka Mizuki. Si ce dernier l'a dessinée au tenue de sa vie professionnelle, Karabulut se dépeint son élan créatif dans une société qui s'est radicalisée. Un repli dont l'auteur ne croit pas qu'il ait véritablement été souhaité par le peuple.

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Tags Livre, Politique, Moyen-Orient, Bande Dessinée