La dernière chance
12 12 24 Cinéma
La dernière chance (Die letzte Chance) de Leopold Lindtberg, Suisse, 1945
Si des fugitifs entraient dans le pays malgré les quotas, c’était grâce au courage individuel et à l’initiative de personnes comme le premier lieutenant dans le film, qui interrompt la séance à Berne et fait entendre sa voix en faveur des malheureux. Si nous avions falsifié ces faits à l’écran, comme le gouvernement l’aurait souhaité, le film aurait été hué à l’étranger.
Leonard Lindtberg, en 1974
Interview accordé à Henri Dumont
cité par la Cinémathèque suisse
Le réalisateur Lindtberg et la maison de production Praesens-Film sont très sensibles à la politique suisse à l'égard des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Le film relate quelques situations personnelles dans leur diversité, ce qui rappelle la complexité, jamais démentie, de l'accueil des réfugiés et, plus généralement, de la migration. Le contexte de sa production en dit probablement plus sur la politique suisse pendant la guerre que l'intrigue elle-même. La cinémathèque suisse, qui en a dirigé la restauration et permis de nouvelles projections dès 2016, note dans sa documentation : « En décidant de mettre en scène la situation des réfugiés, Praesens Film se trouve immédiatement confrontée à de nombreuses difficultés avec le gouvernement fédéral, qui ne veut pas vraiment d’une œuvre potentiellement critique à l’égard de ses positions. Les liens de ses auteurs – le réalisateur Leopold Lindtberg et le scénariste Richard Schweizer notamment – avec le théâtre zurichois du Schauspielhaus, considéré comme un “nid de réfugiés” aux accointances communistes, encourage le gouvernement à regarder ce projet avec la plus grande méfiance. Plusieurs fois, l’armée complique le tournage, interdit certains sites prévus pour des séquences, refuse des autorisations. Une fois le film achevé, tout est mis en œuvre pour retarder sa sortie – au moins jusqu’à la fin de la guerre. Certains militaires, germanophiles, exigent même la destruction du négatif. Et afin de permettre sa sortie, une scène sera raccourcie avec l’accord de la production. Le scénario de Richard Schweizer est pourtant le fruit de longues conversations et d’enquêtes même si, selon Leopold Lindtberg, “l’histoire de ce film n’est qu’un inoffensif conte de fée comparé aux faits réels. (...) Ce n’est pas un film pour ceux qui ont connu le malheur mais pour tous les autres, les heureux, les épargnés, afin que cela les incite à réfléchir”. »
Antoine Duplan pour Le Temps
La cinémathèque suisse
Fiche du cercle d'études
Internet Movie Database
Brett Levi, Anouchka Winiger – sur la trace des ancêtres du premier – Le col de Verne dans le Chablais, un sentier de la dernière chance (1942) : la famille Dreyfus dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale
Antoine Duplan pour Le Temps
La cinémathèque suisse
Fiche du cercle d'études
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Brett Levi, Anouchka Winiger – sur la trace des ancêtres du premier – Le col de Verne dans le Chablais, un sentier de la dernière chance (1942) : la famille Dreyfus dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale