La naissance du racisme
11 05 25 Podcast
La naissance du racisme – Stéphane Bonnefoi. LSD questionne les origines du racisme et la notion de race, depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle, 2022
Alors que des voix critiques dénonçaient les atteintes des colonisateurs aux cultures extra-européennes, les concepteurs du secteur du Congo et du Ruanda-Urundi ont imaginé un village dans lequel des indigènes pratiqueraient des arts traditionnels. Ils prouveraient ainsi, à l'ombre de l'Atomium, la survivance de leur culture primitive. La majorité du groupe de quelque 600 Congolais exposés aux comportements irrévérencieux et même insultants des visiteurs a interrompu sa prestation et est retourné en Afrique.
Cette série documentaire aborde notamment l'histoire de ces « zoos humains », ces troupes gérées par des imprésarios pour distraire la population. En exposant ainsi des femmes et des hommes, dès la seconde partie du XIXe s., on contribue à construire les identités nationales en opposant l'image de soi et des autres. Ainsi, à Genève, l'exposition nationale de 1896 montre un village nègre et un autre, suisse, qui présente une image idéalisée de la culture indigène.
Ces expositions d'humains nous paraissent aujourd'hui révoltantes; la mise en contexte permet de comprendre comment s'enclenche un processus de ségrégation et combien il est compliqué d'y mettre fin.
En plaçant l'origine du racisme bien avant les Lumières, les auteurs donnent aux phénomènes d'exclusion une dimension si large qu'elle incite à reconstruire notre compréhension pour dépasser les affrontements simplistes. Ils relèvent ainsi que la politique des rois catholiques à l'égard des musulmans et des juifs dans la Péninsule ibérique a fait évoluer les rapports entre religions d'une relative tolérance à une discrimination plus raciste que religieuse. La Limpieza de sangre – la pureté de sang – a posé ainsi le fondement d'un antisémitisme qui se perpétue entre générations car lié au sang même des individus. Malgré le développement des connaissances scientifiques, les croyances restent solidement ancrées. Le récent épisode du COVID a, une fois de plus, souligné la persistance de superstitions qui clivent les sociétés.
Uranium exposed at Expo 58: the colonial agenda behind the peaceful atom
Boulevard du village noir – RTS

Dans le contexte de la guerre froide, l'Exposition universelle et internationale de Bruxelles 1958 célèbre l'atome civil. Coe remémore cette époque d'intrigues et d'influences – par le soft power – dans un roman au ton ironique. Il évoque en quelques lignes l'époque – deux ans avant l'indépendance du Congo – du dernier « zoo humain » d'Europe.« Eh bien, j’ai lu dans les journaux [que les indigènes congolais] se plaignaient de la façon dont certains visiteurs les traitaient. Ils passaient la journée dans leurs huttes, à travailler à leur artisanat indigène, et il paraît que certains visiteurs leur criaient des choses insultantes, et même — elle gloussa nerveusement — qu’on leur tendait des bananes à manger, vous voyez. Ils ont dit qu’ils se faisaient l’effet d’être des animaux dans un zoo. Et alors ils sont presque tous rentrés chez eux, et les huttes sont vides. »
Jonathan Coe
Expo 58
Alors que des voix critiques dénonçaient les atteintes des colonisateurs aux cultures extra-européennes, les concepteurs du secteur du Congo et du Ruanda-Urundi ont imaginé un village dans lequel des indigènes pratiqueraient des arts traditionnels. Ils prouveraient ainsi, à l'ombre de l'Atomium, la survivance de leur culture primitive. La majorité du groupe de quelque 600 Congolais exposés aux comportements irrévérencieux et même insultants des visiteurs a interrompu sa prestation et est retourné en Afrique.
Cette série documentaire aborde notamment l'histoire de ces « zoos humains », ces troupes gérées par des imprésarios pour distraire la population. En exposant ainsi des femmes et des hommes, dès la seconde partie du XIXe s., on contribue à construire les identités nationales en opposant l'image de soi et des autres. Ainsi, à Genève, l'exposition nationale de 1896 montre un village nègre et un autre, suisse, qui présente une image idéalisée de la culture indigène.
Ces expositions d'humains nous paraissent aujourd'hui révoltantes; la mise en contexte permet de comprendre comment s'enclenche un processus de ségrégation et combien il est compliqué d'y mettre fin.
En plaçant l'origine du racisme bien avant les Lumières, les auteurs donnent aux phénomènes d'exclusion une dimension si large qu'elle incite à reconstruire notre compréhension pour dépasser les affrontements simplistes. Ils relèvent ainsi que la politique des rois catholiques à l'égard des musulmans et des juifs dans la Péninsule ibérique a fait évoluer les rapports entre religions d'une relative tolérance à une discrimination plus raciste que religieuse. La Limpieza de sangre – la pureté de sang – a posé ainsi le fondement d'un antisémitisme qui se perpétue entre générations car lié au sang même des individus. Malgré le développement des connaissances scientifiques, les croyances restent solidement ancrées. Le récent épisode du COVID a, une fois de plus, souligné la persistance de superstitions qui clivent les sociétés.
Toledo, synagogue Santa María la Blanca
La naissance du racisme – LSD France cultureUranium exposed at Expo 58: the colonial agenda behind the peaceful atom
Boulevard du village noir – RTS
