Le testament de Marie

Le Testament de Marie, Colm Tóibín, 10/18, 2012

Un roman bref de l'écrivain irlandais Tóibín. Un portrait décalé de l'histoire de Jésus qui me rappelle le Barabbas de Pär Lagerkvist (1950). Le Prix Nobel suédois décrivait la mort du Christ vue par Barrabas, celui à la place de qui il fut crucifié. Tóibín choisit le point de vue de sa mère, Marie.
Le roman ouvre sur une Marie vieille, attendant la mort. Se souvient-elle vraiment, a-t-elle toute sa raison ?
Au fil du récit, tendu, on découvre une femme blessée parce qu'on lui a pris son fils. On a voulu en faire un exemple, un sauveur. La résurrection de Lazare, le miracle du paralytique, elle les a vus. Mais ses souvenirs ne correspondent pas aux récits que ses visiteurs aimeraient qu'elle en fasse. Ce qu'elle a vécu est tout autre.
Tóibín oppose la clameur de la foule qui accompagne Jésus à la solitude de la mère, séparée de son enfant et tenue à distance. Il décrit la violence qui lui est faite lorsqu'elle assiste impuissante à l'horreur de la crucifixion.
Désacralisation du texte biblique ? Non, réécriture qui inscrit ces événements dans un acte de foi. La constance du point de vue confère même une grande intériorité au récit.

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