Si Auguste Rodin transforme les corps pour les mettre en mouvement et en sublimer l'expression, Jean Arp n'en retient que l'abstraction morphologique. Ainsi traitée, la forme humaine devient fluide et dynamique, tandis que celles de Rodin dégagent davantage de fougue.


Les Suisses ont fait connaissance de Sophie Taeuber-Arp lorsque son portrait a été utilisé sur les billets de 50 francs..., unique figure féminine retenue par la Banque nationale pour un billet dédié à une personnalité. L'aperçu en taille-douce à dominante verte offre une image réductrice d'un univers artistique foisonnant. Imprégnée de la tradition textile de Suisse orientale, Sophie Taeuber s'est formée aux arts décoratifs. Elle a ensuite développé une œuvre caractérisée par la diversité des techniques et des matériaux. Qu'il s'agisse de textiles, de broderies, de costumes, de mobilier, de peintures, de sculptures, etc., elle travaille l'abstraction jouant sur les formes et les couleurs.

Rodin était si absorbé, si plongé dans son travail qu'aucun coup de tonnerre ne l'aurait réveillé. Ses mouvements devenaient de plus en plus brusques, presque furieux. Une sorte de sauvagerie ou d'ivresse s'était emparée de lui. Il travaillait de plus en plus vite. Puis ses mains se firent plus hésitantes. Elles semblaient avoir reconnu qu'elles n'avaient plus rien à faire. Une fois, deux fois, trois fois, il se recula, sans plus rien changer. Puis il murmura quelque chose dans sa barbe, replaça délicatement les linges autour de la figure, comme on glisse un châle sur les épaules d'une femme aimée, et respira profondément, détendu. Sa stature sembla de nouveau s'alourdir. Le feu s'était éteint.

Le Monde d'hier, p. 179
Stefan Zweig

Site du Kunstmuseum
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Fondation Arp
Projet Sophie Taeuber-Arp

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