Vers la lumière

Vers la lumière (Hiraki), de Naomi Kawase (Japon, France, 2017), avec Ayame Misaki, Masatoshi Nagase. 1h41.

L’un perd la lumière, l’autre la décrit et tout deux parlent d’un rapport au monde, au cinéma et à la mémoire.

Naomi Kawase

Misako exerce une profession singulière : audiodescriptrice (> CNC Centre national du cinéma et de l’image animée). Elle permet ainsi l'accès du cinéma aux non-voyants. Naomi Kawase en réalisant ce film se place dans une situation particulière : faire comprendre à ses spectateurs, en s'appuyant sur l'image, les enjeux de cette profession.

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Un panel de malvoyants suit l'élaboration de cette mise en mots. Une séquence après l'autre, ils orientent Misako pour la suite de son travail.
Devant les images, je suis saoulé par les descriptions de la jeune femme... et quand elle essaie d'aller à l'essentiel pour laisser une place à l'imagination de ses auditeurs, ceux-ci sont frustrés de manquer d'informations.
Dans son public, un photographe, en train de perdre irrémédiablement la vue, se montre particulièrement intraitable : la subjectivité de Nakamori est en conflit avec les interprétations de Misako.
La réalisatrice oppose l'audiodescriptrice, professionnelle, toujours à la recherche de l'expression la plus neutre et la plus appropriée, à la jeune femme qui peine à exprimer ses sentiments. Elle suggère, parfois de manière confuse, les émotions de Misako et de Nakamori. Elle les souligne musicalement des magnifiques rythmes d'Ibrahim Maalouf .


[…] les danseurs puis la chorégraphe, des corps en mouvement puis des mots, la beauté puis du bruit dénué de sens, la joie puis l'ennui, et un moment est venu où quelque chose a commencé à s’ouvrir en toi, tu t'es trouvé en train de tomber dans la fissure ouverte entre le monde et le mot, dans le gouffre qui sépare la vie humaine de la capacité à comprendre ou à exprimer la vérité de la vie humaine, et pour des raisons que tu ne parviens toujours pas à démêler, cette chute soudaine dans un air vide, sans limites, t'a rempli d’une sensation de liberté et de bonheur […]

Paul Auster
Chronique d'hiver, p. 243



Stéphane Gobbo pour Le Temps
Antoine Rochat et Serge Molla pour Ciné-feuilles
Dossier de presse
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