It must be Heaven

blogEntryTopperIt Must Be Heaven, de et avec Elia Suleiman (Palestine, France, Qatar, Allemagne, Canada, Turquie, 2019), 1h37

L’homme qui trouve sa patrie douce n’est qu’un tendre débutant ;
celui pour qui chaque sol est comme le sien propre est déjà fort ;
mais celui-là seul est parfait pour qui le monde entier est comme un pays étranger.
Le tendre a fixé son amour en un seul point du monde ;
le fort a étendu son amour à tous ;
le parfait a anéanti le sien.

Hugues de Saint-Victor (12ème siècle)
Note d'intention


Tentant de classer le dernier film d'Elia Suleiman dans la catégorie des auto-documentaires, tant le réalisateur s'y met en scène en observateur mutique du monde. Un état de rêverie et de contemplation qui interroge.

Les notes d'humour nous assurent que nous ne sommes pas dans la désespérance mais dans un temps suspendu.
Certains se moquent de mon attrait pour les films kazakhs ou kirghizes. Pourtant leur approche, malgré la distance culturelle, est néanmoins plus aisée : la trame narrative offre des points d'ancrage. Le film d'Elia Suleiman est lui sujet à de multiples interprétations et suscite de la curiosité tant cette œuvre est énigmatique.
Les notes d'intention du réalisateur sont donc les bienvenues et invitent à ne pas surinterpréter le film. Le réalisateur nous offre “des images ouvrant à la poésie du silence qui est au cœur du langage cinématographique”.
ES oscille entre introspection et détachement. Il se tient à distance de l'état du monde en utilisant la dérision. Les chorégraphies avec lesquelles interviennent les forces institutionnelles (police, armée,…) abaissent le niveau de tension que leur simple présence engendre.
Avec It Must Be Heaven, Suleiman “tente de présenter le monde comme un microcosme de la Palestine”. Il retrouve aujourd'hui la violence qui innerve ce territoire dans toutes les capitales. L'exil pouvait représenter une option pour s'en protéger. Mais dans un monde gagné par la violence le coût de l'exil devient trop important. La nostalgie du citronnier et de la terre natale, est trop lourde à supporter.

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