Amélie et la métaphysique des tubes

Amélie et la métaphysique des tubes, de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han (France, 2022), 1h17.

J’ai trouvé fascinant dans le roman le regard, la perception d’Amélie sur ce qui l’entoure, comment elle voit et vit les choses de manière très sensible, très exponentielle, à hauteur d’une petite enfant et avec la puissance émotionnelle qui est propre à cet âge de la vie.

Maïlys Vallade
Dossier de presse




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metaphysique
J'avais déjà donné leur nom à quatre personnes; à chaque fois, cela les rendait si heureuses que je ne doutais plus de l'importance de la parole : elle prouvait aux individus qu'ils étaient là. J'en conclus qu'ils n'en étaient pas sûrs. Ils avaient besoin de moi pour le savoir.
Parler servait-il donc à donner la vie ? Ce n'était pas certain. Autour de moi, les gens parlaient du matin au soir, sans que cela ait des conséquences aussi miraculeuses.

p. 42

Alors que le film d'animation suggère aux enfants leurs premiers pas dans la vie, leurs premières émotions, le ton du roman est plus cinglant pour décrire l'irruption des enfants dans le couple parental. Ce texte autobiographique décrit une Amélie si passive dans ces premiers mois qu'elle avait le reçu le surnom de La Plante. Elle n'en demeurait pas moins présente dans une fratrie de trois grandissant dans l'univers feutré d'une famille de diplomate en poste au Japon.
Rétrospectivement, les événements de ces premières années acquièrent une puissance dramatique insoupçonnable lorsque les mécanismes de la mémoire ne sont pas encore établis. En abordant les angoisses liées à la mort de manière moins dramatique que l'autrice, sans toutefois gommer cette inévitable réalité, les réalisateurs adoptent un ton juste, accessible à leur public.
Quant au roman, son style plus démonstratif, amplifie l'éternel regret d'Amélie Nothomb pour sa petite enfance au Japon, même si elle y a ensuite vécu des expériences plus nuancées.

Isabelle Martin pour le Temps, août 2000
Site de l'éditeur