L'abîme de l'oubli
Dans ses Madres Paralelas, Pedro Almodóvar abordait la thématique des tombes anonymes. Un enjeu purement politique puisqu'il s'agissait d'investiguer les fosses communes dans lesquelles avaient été jetés les corps des républicains et que la droite entendait suspendre ces démarches.
L'enquête de Rodrigo Terrasa, illustrée par Paco Roca, est captivante et sensible. En abordant le poids que l'absence de sépulture fait peser sur les survivants, il évoque Leoncio Badía, responsable des inhumations à Paterna. Républicain, il a accepté cet emploi pour permettre à sa famille de vivre. Un travail qu'il a accompli avec une empathie dont les familles des inhumés lui sont reconnaissantes.
Une caserne, un cimetière et un accès facile depuis Valence : autant de facteurs expliquent le choix de Paterna pour exécuter et inhumer plus de 2200 personnes bien que la guerre civile ait été finie. En racontant la ténacité de Pepica Celda pour offrir à son père une tombe décente, Roca et Terrasa illustrent l'impact d'un état fasciste sur la population.
L'histoire de Pepica Celda semble être une parmi des milliers d'autres récits de victimes de la guerre civile espagnole et de la répression franquiste qui a suivi, ceux de témoins perdus, répartis dans des fosses communes à travers tout le pays.
Mais son cas est pourtant unique en son genre : c'est l'histoire d'une octogénaire qui se débat dans le labyrinthe administratif d'un État vautré dans une amnésie démocratique.Épilogue de Rodrigo Terrasa
Site de l'éditeur