BHO

Par une curieuse coïncidence les prénoms du Président des Etats-Unis font référence aux patronymes de deux acteurs politiques du Proche-Orient, le Ministre israélien de la Défense Ehud Barak très impliqué dans les frappes de Gaza en ce mois de janvier 2009 et à Saddam Hussein contre lequel le Gouvernement Bush est entré en guerre. De ses origines multiples, Barack H. Obama a pourtant su faire une force, il a réussi à en faire émerger une vision différente des réalités américaines.
De sa couleur de peau trop noire pour certains, trop claire pour d’autres, Barack Hussein Obama en a parlé, notamment dans son speech du 18 mars 2008 à Philadelphie. Il s’est certainement expliqué sur ses liens avec l’Islam, comme il l’a fait dans ce discours sur ses relations avec le Révérend Wright qui dénonce avec violence la politique américaine, la désignant comme responsable des actions terroristes visant les Etats-Unis.

Obama et sa femme - photo de presse
Revendiquant son métissage « Je suis le fils d'un homme noir du Kenya et d'une femme blanche du Kansas. […] J'ai vécu dans l'un des pays les plus pauvres du monde. Je suis marié à une Américaine noire qui a en elle du sang d'esclave et du sang de propriétaires d'esclaves. […]. J'ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux, des oncles et des cousins de toute race et de toute couleur de peau, dispersés sur trois continents et jusqu’à mon dernier jour je n'oublierai jamais que mon histoire n'aurait été possible dans aucun autre pays du monde. C'est une histoire qui ne fait pas de moi le plus conventionnel des candidats, mais c'est une histoire qui a, de façon indélébile, imprimé dans mes gènes l'idée que ce pays représente plus que la somme de ses parties – qu'à partir de beaucoup nous formons vraiment un tout unique. »

Cette unicité a permis de faire triompher le slogan « Yes, we can ! », une formule qui implique chacun-e des électeurs, à son niveau. Un message qui a mobilisé des populations de races et de classes différentes. Une devise qui mènera certainement à quelques désillusions nombreuses, comme Obama lui-même l’a laissé entendre dès le scrutin présidentiel terminé.

Les racines d’Obama sur trois continents donnent de la crédibilité à son interrogation sur les fractures de la société américaine : « Mais je crois que ce pays, aujourd'hui, ne peut pas se permettre d'ignorer la problématique de race. Nous commettrions [une erreur] en simplifiant, en recourant à des stéréotypes et en accentuant les côtés négatifs au point de déformer la réalité ». Dans ce discours sur la race le candidat démocrate reconnaît que « pour tous ceux qui ont bataillé dur pour se tailler une part du Rêve Américain, il y en a beaucoup qui n'y sont pas arrivés – ceux qui ont été vaincus, d’une façon ou d’une autre, par la discrimination. L’expérience de l'échec a été léguée aux générations futures. » Ces hommes et ces femmes sont parfois noirs, parfois blancs. Certains sont victimes de leur teint, d’autres des mesures de discrimination positive. Nier l’existence de « cette rancœur des blancs, la qualifier d’inappropriée, voire de raciste, sans reconnaître qu’elle peut avoir des causes légitimes —voilà aussi qui contribue à élargir la fracture raciale et faire en sorte que l’on n'arrive pas à se comprendre. »

Le racisme existe, mais il est source de divisions. Il fausse la lecture de la réalité et entretient la peur de l’autre et distrait des causes véritables, des enjeux de société. « Parfois ces choses qui fâchent ne se disent pas non plus. Mais elles affectent le paysage politique ». Pour la tâche que s’assigne Obama d’agir pour élargir les perspectives d’avenir, il aura besoin de s’appuyer à la fois sur ses valeurs et sur les forces multiples de la nation.

Discours de Philadelphie sur la question raciale (version française)
Discours de Philadelphie sur la question raciale (vidéo et texte anglais)