Les Balkans autrement
09 03 08 Livres et articles | Kosovë
Stéphane YÉRASIMOS Le retour des Balkans 1991-2001. 2002. Paris. autrement. Collection Mémoires
Deux axes principaux constituent cet ouvrage : le premier se rapporte aux guerres yougoslaves de 1991 à 1999, alors que le second analyse la transition du communisme à l’intégration européenne.
Deux axes principaux constituent cet ouvrage : le premier se rapporte aux guerres yougoslaves de 1991 à 1999, alors que le second analyse la transition du communisme à l’intégration européenne.
Les articles consacrés à la Grèce et à la Bulgarie montrent que les équilibres sont souvent fragiles et que l’usage d'un nationalisme exacerbé cause des préjudices importants. En Bulgarie, la chute du Mur est marquée par une explosion de conflits communautaires en réaction à la politique de « renaissance nationale » du régime communiste de Jikov. La politique de restitution des droits aux minorités, en particulier à la minorité turque musulmane, a été maintenue malgré les réactions nationalistes. Ce succès est dû à la clairvoyance des ex-communistes qui ont permis la création d’un « parti turc » qui a pu trouver une place entre leur formation et celle de leurs opposants nationalistes en raison de la modération de son programme.
En (vieille) Europe le processus de formation de l’État-nation a été un processus lent et cette transformation n’a commencé que tardivement dans les Balkans. Les conflits mondiaux et l’ère communiste ont également agi sur ce processus, de même que les luttes d’influence entre Européens et Américains au lendemain de l’effondrement du bloc de l’Est. Ces jeux ont été mis en évidence par la provenance des différentes forces d’interventions lors de la décennie de conflits, ainsi que par le rôle des ONG relayées par les médias.
La légitimité de la Yougoslavie communiste reposait sur le mythe de la fraternité et de l’unité. Lors de la chute du régime, la mémoire officielle de la Seconde guerre mondiale est remise en cause et instrumentalisée par les diverses nationalités. Pendant les guerres yougoslaves, les forces en présence multiplient ad nauseum les références au conflit mondial, par exemple en affirmant chacune être victime d’un génocide. Le territoire est marqué de tombes de héros et de martyrs, de monuments aux morts, la vie est rythmée par les commémorations et les repères sont modifiés par la nouvelle nomenclature des rues. Les mémoires se cristallisent autour de mots qu’il faudra réviser et accorder : les sondages révèlent une opinion des Musulmans bien plus favorable de la vie commune en Bosnie-Herzégovine sous Tito que celle des Serbes et des Croates. Les dénonciations de crimes commis par sa propre communauté –qui sont rarement sans conséquences pour leur auteur– illustrent la volonté de voir ces mémoires collectives apaisées.