Faut-il se réjouir de la libération de Ramush ?

Kosova të mirëpret. (La Kosovë t'attend)

Dans les rues des villes et le long des routes de Kosovë, l'appel à la libération de Ramush Haradinaj laisse songeur. Le déroulement peu clair d'un procès pendant lequel les témoins disparaissent ou se rétractent incite à donner crédit aux accusateurs de cet ancien commandant de l'UÇK, brièvement Premier ministre du Kosovo et ancien menuisier à Leysin.
Il faut reconnaître cependant qu'il a accepté de comparaître au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie contrairement à Radovan Karadžić et Ratko Mladić.
Le 3 avril, le verdict est tombé : Ramush est acquitté faute de preuves. Son retour à Prishtinë est salué. Cette libération ne laisse pas indifférent et les blogs qui commentent la nouvelle suscitent des commentaires nombreux.
Quelle attitude adoptera Ramush Haradinaj et son parti, l’Alliance pour le futur du Kosovo (AAK) ? Quelle influence exercera-t-il ? Les réponses à ces questions ne sont pas anodines pour l'avenir du nouvel état indépendant.
Bac, u kry! (Oncle, c'est fait ! Prisitna

Bac, u kry! (Oncle, c'est fait !)

Un autre slogan qui associe Adem Jashari à la joie de l'Indépendance est également très présent dans les rues de Prishtinë. La poltique d'Ibrahim Rugova n'ayant pas permis de diminuer le harcèlement des Serbes sur les Kosovars, c'est par les armes de l'UÇK que l'insatisfaction s'est exprimée contre les autorités de Belgrade. L'indépendance obtenu avec la bienveillance des autorités internationales est le résultat de cette lutte dans le cadre de laquelle des crimes ont été commis de part et d'autre. Reconnaître les excès de ce conflit fondateur est également nécessaire aux fondements de cet état multiethnique.

La justice pénale internationale doit faire plus avec moins de pouvoir que les justices nationales. Elle doit faire reculer l'impunité, faire œuvre d'exemplarité, éclairer l'histoire et ouvrir la voie à la réconciliation nationale et à la restauration du tissu social.
En matière de réconciliation, l'échec a été retentissant en ex-Yougoslavie. [...] Si la justice est trop lente, on ne réconcilie pas les gens.

Claude Jorda, ancien juge à la Cour pénale internationale
(Le Temps du 18 avril 2008)


Un éclairage sur le droit international Tchétchénie, Kosovo, Tibet: droits de l'homme contre rapports de force
Opinion du politologue Pierre Hassner parue dans
le Monde et dans le Temps en avril 2008.

La suite… Haradinaj n'en a cependant pas encore fini avec son passé. Le 4 janvier 2017, il est arrêté à l'aéroport de Bâle-Mulhouse et incarcéré en France… (> Jean-Arnaud Dérens)
Résumé du jugement