Permettre aux enfants de penser

Boimare, S. (2008). Ces enfants empêchés de penser, avec la collaboration de Samuel Socquet Juglard, 178p. Paris: Dunod.

Confronté dès le début de sa carrière à des élèves ayant de sérieux troubles du comportement, Serge Boimare, non sans réticences, leur lit mythes et contes. Il constate que la cohésion du groupe ainsi induite crée un terreau fertile aux apprentissages.
La culture n’est pas la cerise sur le gâteau […] mais bien l’ingrédient crucial et indispensable pour lier les éléments de la connaissance entre eux.


Cette expérience trouble Boimare qui ne s’estime pas payé par l’Éducation Nationale pour faire la lecture à ses élèves. Il analyse alors la situation des classes françaises et, comme il le rappelle plusieurs fois dans son ouvrage, il estime à 25% le nombre d’élèves en difficulté d’apprentissage et, pour les deux tiers d’entre eux, les méthodes de soutien habituelles consistant à renforcer leurs bases et à les entrainer davantage sont inopérantes. De l’avis de Boimare, la cause de l’échec de 15% des élèves est à chercher dans leur refus « des exigences et des contraintes de l’apprentissage quand elles les mettent face à un questionnement qui nécessite un retour à eux-mêmes, en imposant de faire des liens entre leur monde intérieur et le monde extérieur. »
Illustrant par des exemples une typologie de ces laisser pour compte des systèmes scolaires, Boimare montre comment les stratégies d’aide peuvent renforcer l’opposition aux apprentissages.
Couverture de Ces enfants empêchés de penser
Sa méthode qui consiste à lire quotidiennement des textes fondateurs puis à en débattre permet de nourrir l’intellect de tous les élèves, les meilleurs comme les plus en difficulté. Ce nourrissage culturel, qui rappelle la « méthode Pennac », appartient au champ de la pédagogie car il touche à ses principes fondamentaux : « intéresser, nourrir, faire parler et relier les savoirs aux questions humaines fondamentales. »
Dans son plaidoyer, parfois redondant, Boimare aborde quelques aspects pédagogiques comme les diverses didactiques d’apprentissage de la lecture ou les échanges de pratiques. L’auteur affirme que ce partage entre professionnels permet, dans le contexte de classes difficiles, de dépasser la rigidification qui met en danger tant les apprentissages que les aspects éducatifs.
Le plaidoyer de Serge Boimare visant à développer l’expression des élèves sur les questions fondamentales est aussi un appel aux enseignant-e-s à mettre en valeur leurs ressources par l’échange.

Présentation de l’ouvrage sur le site de Dunod